A quelques pas de là…

Archive for the ‘Les joies de la vie en communauté’ Category

Je suis rentrée de vacances la semaine dernière. A l’étranger, j’ai pris un bus jusqu’à l’aéroport, un avion jusqu’à Paris-Beauvais, une navette jusqu’à la Porte Maillot, et deux métros jusqu’à l’immeuble du copain du copain (oui-oui : à Paris, en août, il n’y a plus grand monde à mobiliser !) sur le canapé duquel je devais m’effondrer pour la nuit.

C’est au pied de son immeuble qu’il m’a proposé de monter les 12 kg de ma valise au 4e étage, chez lui. Crevée, j’ai failli accepter quand mon surmoi m’a rattrapée par le col, de justesse : « Hep, hep, hep, tu fais quoi, là ? Tu veux l’égalité ou pas ? On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, alors TU PORTES TA VALISE. » Et j’ai porté ma valise.

C’est quand même pénible, d’être une femme forte et indépendante. La plupart du temps, ça consiste surtout à se foutre des coups de pieds aux fesses pour faire les trucs toute seule.

Sur le principe, effectivement, on ne peut pas avoir tout et son contraire, réclamer l’égalité et se rétracter dès qu’il faut porter un truc lourd.

Mais, au quotidien, il m’apporte quoi, mon féminisme ? Comme une femme sur cinq, je me prends des remarques sexistes dans la tronche au travail. Comme toutes les femmes (98%), je subis des agressions verbales quand je me promène dans la rue. Je regarde les mêmes séries sexistes, les mêmes films sexistes que tout le monde, j’écoute les mêmes musiques sexistes, je vois les mêmes pubs sexistes que le ou la non-féministe de base. Je ne vis avec personne, donc je n’ai même pas la satisfaction de me dire que mon ou ma partenaire fait sa part des tâches ménagères.

En revanche, je paye ma part au restau, je porte des cartons, des matelas, des canapés-lits quand il faut déménager, je soulève des valises quand il est 23h. Alors, alors ?

 

Je n’ai pas toujours eu conscience du degré de sexisme et des discriminations pratiquées envers les femmes. J’ai longtemps intégré certaines situations comme courantes, donc normales. Le degré de violence, parce que fréquemment rencontré, ne m’a pas toujours sauté aux yeux. J’en suis venue à me dire que le problème des comportements sexistes n’était pas tant leur invisibilité en tant que telle, mais bien, au contraire, leur prédominance. Nombreuses sont les personnes, hommes ou femmes, pour qui les comportements sexistes ont « toujours existé », sont au choix « des blagues de potache » ou le fait de gens qui « ne pensent pas à mal ». Afin de sortir le sexisme de son invisibilité, afin de mettre à jour ce que subissent les femmes au quotidien et qui n’est pas normal, je me suis donc demandé à quoi ressemblerait un monde qui pratiquerait le même genre de discrimination envers les hommes.

 

Episode 1 : Choisir des vêtements pas trop sexys, ne pas déjeuner, enfiler des chaussures à talons, se faire toucher les fesses dans les transports

Il est 7h30 lorsque la sonnerie du réveil tire Gilles de son sommeil. Les yeux embrumés de fatigue, il se dirige vers son placard

afin de choisir ses vêtements. Tandis que son intellect se remet doucement en marche et que les pensées commencent à prendre une forme cohérente, il attrape mécaniquement un pantalon noir acheté la semaine précédente. Le problème de ce pantalon, c’est qu’il moule ses fesses, et Gilles n’est pas très à l’aise avec les regards féminins qu’il provoque en s’habillant ainsi. Il hésite : il aime beaucoup ce pantalon, mais pour aller travailler, mieux vaut ne pas mettre son corps trop en valeur. Gilles soupire, rêvant d’un monde où les femmes qui dirigent son équipe feraient moins attention au physique des hommes, et plus à leurs capacités cognitives, en cessant d’opposer les deux. Il opte finalement pour un pantalon droit, plus large. La chemise est plus rapide à choisir : blanche. Il a essayé de mettre une chemise jaune clair une fois, mais les commentaires des ouvrières du bâtiments sur son chemin l’ont décidé à la garder pour des moments entre ami.e.s ou en famille. En plus, blanche, c’est bien, ça fait professionnel. Veste, cravate.

 

Attablé devant son café, Gilles pince machinalement le gras de son ventre. Ses yeux se pose sur le magazine auquel il est abonné : cet homme en couverture est vraiment très beau. Gilles rêve d’avoir son corps ! D’ailleurs, à l’intérieur du magazine, figure un tas de conseils pour maigrir et se muscler, et Gilles s’est promis de perdre un peu de poids. Il se trouve gros. Du coup, pas de tartines ce matin. Il aura un peu faim, mais c’est le prix à payer pour être présentable sur la plage cet été.

 

Au moment de partir, Gilles enfile les chaussures que portent tous les hommes du département dans lequel il travaille. Il a appris à marcher avec en ayant l’air à l’aise, ce qui n’était pas évident au départ. Mais, bien que ces chaussures soient plus serrés et moins confortables que les tennis qu’il affectionne, il ne peut envisager de mettre autre chose pour aller travailler. Les chaussures lui donnent une démarche plus sûr de lui, et les dirigeantes trouvent que les chaussures des employés renvoient une certaine image de l’entreprise. Alors Gilles a investi dans trois paires de ces chaussures serrées auxquelles il s’est finalement habitué un peu, même s’il lui arrive encore d’avoir mal au pied et au dos en fin de journée.

 

Gilles a la chance d’habiter à quelques pas d’un arrêt de bus. Avec les années, il a pris l’habitude faire un petit détour pour arriver pile

sur l’arrêt de bus, au lieu de passer devant l’entrée de la gare. Cela lui évite les commentaires désobligeants des femmes qui ne manquent jamais de l’apostropher : « Eh, mec, t’es bien foutu ! Tu viens me lécher ! Eh, je suis sûre que t’en a une grosse, viens me montrer ! » Ce qu’elles peuvent être vulgaire. Gilles a horreur de ces remarques, il ne sait jamais comment réagir. Evidemment, ces femmes ne s’en prennent jamais à lui quand elles sont seules. C’est toujours avec une bande copines, aux yeux desquelles elles veulent se rendre intéressantes, qu’elle interpellent les hommes. Gilles a parfois essayé de marmonner une réponse, mais il a toujours eu peur qu’elles se rapprochent et lui cassent la gueule. Il ne saurait pas bien comment se défendre, seul face à un groupe. Quand il ne répond pas, c’est presque pire : « Eh tu pourrais dire merci, p’tite bite ! Bande mou ! » Il a vite compris que changer de vêtements n’était pas la solution non plus, parce que ses vêtements n’avaient pas grand chose à voir avec leur attitude. Pantalon serré : on voit son « beau cul », chemise ajustée : il a des « bras faits pour la baise », vêtements amples : il « cache un paquet là-dessous »… Il s’est donc résigné à faire quelques minutes de marche supplémentaire, mais au moins il a la paix.

 

Dans le bus bondé, Gilles ne trouve aucune place assise, ce qui est normal. Il y a à peine assez d’espace pour se tenir debout : des hommes avec leurs poussettes prennent toute la place. Gilles essaye de deviner quels sont les hommes qui sont pères, quels sont ceux qui sont de simples nounous, engagés pour s’occuper des enfants pendant que le père essaye de poursuivre une carrière décente. Il est un peu tôt, mais certains hommes sont déjà chargés de paquets de courses. Leur femme est sans doute au travail. Gilles, lui, n’a pas d’enfant. Cela lui vaut d’ailleurs régulièrement des remarques de ses amis hommes : « Oh mais tu sais, la paternité, ça te change complètement », « Tu changeras sûrement d’avis », « C’est un peu égoïste, comme attitude « , « L’instinct paternel ne te travaille pas ? ». Il ne sait pas s’il changera d’avis, ou non. Pour l’instant, sa vie lui convient.

 

Alors que la chauffeuse de bus freine brusquement, Gilles est tiré de sa contemplation des pères et de leurs poussettes par une sensation désagréable au niveau de ses fesses. Le rouge lui monte aux joues : il a rêvé ou la femme qui est derrière lui vient de lui mettre une main aux fesses ? On dirait qu’elle se frotte, mais il y a tellement de monde… Gilles hésite. S’il ne dit rien, il devra subir ce contact intime pendant encore cinq arrêts. Mais s’il dit quelque chose et qu’elle n’y est pour rien, il aura l’air bête… Finalement, Gilles ravale sa salive. Ce n’est pas la peine de risquer un esclandre. Au fond de lui, Gilles a quand même l’impression qu’elle n’était pas obligée de se coller comme ça, mais comme il subsiste 10% de chances pour qu’elle ne l’ait pas fait exprès, il ne veut pas prendre le risque.

 

Il finit par descendre du bus et pénètre dans le bâtiment où il travaille. L’assistant de direction le harponne à peine les portes de

l’ascenseur ouvertes : la directrice veut le voir dans son bureau. Un collègue vient d’avoir un troisième enfant et de démissionner. Gilles se souvient d’en avoir un peu discuté avec lui : Patrick aurait bien aimé continué à travailler, mais entre les frais de nounous, de cantine et le reste, son salaire aurait été entièrement englouti. Comme sa femme gagne relativement bien sa vie, bien mieux que lui en tout cas, il était plus avantageux pour eux qu’il arrête de travailler pour s’occuper de ses enfants.

 

« Gilles, lui annonce la directrice, je vais avoir besoin de vous pour les entretiens d’embauche. Bon, dans l’idéal, nous recherchons plutôt une collaboratrice qu’un collaborateur. Les hommes doivent toujours aller chercher les enfants à l’école à « l’heure des papas », ce sont eux qui prennent les « jours enfants malades »… Si vraiment un candidat vous paraît bien, essayez de savoir discrètement s’il a ou veut des enfants, OK ? »

 

A suivre…

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Hier soir, autour d’une chicha. Ma collocatrice me passe l’embout, que je dois porter à mes lèvres afin d’aspirer puis de recracher la fumée. Je décline son offre, et passe à mon tour l’embout à ma voisine… qui me regarde, surprise, avant de dire en riant : « Regarde comment moi je fais ! » Elle aspire et recrache aussitôt dans un mouvement précipité, au lieu d’inhaler une grande bouffée comme on est censé le faire. « Cela permet de t’intégrer, même si tu ne sais pas fumer ! » Et de rire. Oui, alors moi, je fonctionne un peu différemment. J’ai une estime de moi-même suffisamment élevée pour ne pas avoir à fumer si je n’en ai pas envie, ni boire si je n’en ai pas l’intention. Je dis ça avec un peu d’agressivité, parce que je suis ce genre de personne très pénible qui ne boit pas, ne fume pas, de ne prend pas de drogue. Et régulièrement, on me demande ce qui ne tourne pas rond chez moi, si je suis musulmane (sous-entendu si j’y suis contrainte), si je veux qu’on joue à la dînette, etc. Alors non. Je suis un être humain normal, je vous remercie. Si eux ont besoin de cela, fort bien, je ne juge pas. Mais je demanderais de ne pas être jugée non plus. Et si « on » ne veut pas m’intégrer parce que je ne suis pas assez cool… Eh bien, c’est tant pis pour « on ». Si « on » a ce genre de mentalité, je crois que je ne perds pas grand’chose.

Plus tard dans la soirée, jeu « action ou vérité ». Je devais, comme « action », lécher le doigt d’un de mes collocataires masculins, lequel doigt avait été préalablement recouvert de crème chantilly. Bon, je ne vais pas vous faire un dessin, vous avez compris l’allusion… Je regarde, perplexe, ce doigt recouvert de chantilly, et hésite à faire ce qu’on me demande. Remarque de ma colloc : « Fais pas ta prude, t’as sucé des trucs plus gros dans ta vie ! » Très classe. Je finis par m’exécuter : c’est le jeu. Remarque de la même colloc : « Wouhou !! On fait genre : « Oh, je ne peux pas sortir, je dois travailler, mais quand il s’agit de lécher des trucs, HOP ! La tête la première. » Bien, bien.

Alors je vais commencer par la première remarque, en particulier le : « fais pas ta prude. » Cette remarque m’énerve parce qu’elle implique une fois de plus qu’il y a un standard de « coolité » [coolité, n.f. : caractère de ce qui est cool.] (Non, tu ne rêves pas, je viens bien d’inventer un mot.) et que, pour pouvoir s’intégrer dans ce groupe d’étudiant, il faut respecter ce standard. Lécher sans appréhension le doigt d’un parfait inconnu, sale, recouvert de chantilly (qui par ailleurs est dégueulasse), avec toutes les connotations que cela représente, est universellement, à travers les âges et les continents, considéré comme drôle, « cool », hilarant pourquoi pas, et il m’appartient de me conformer à cette règle. Le fait que je sois, par ailleurs, une jeune femme détendue voire complètement folle à certains moments, drôle et aimant faire rire devient complètement caduque si je ne me conforme pas à cette règle : pour être cool, il faut lécher. Notez que ça ne fait rire que parce que je suis une fille. Un mec devant lécher le doigt d’un autre mec aurait sans doute réussi à s’en tirer avec un « Chui pas un pédé », forme ultime de l’affirmation de soi masculine.

Bien. J’ai donc léché ce p***** de doigt, non pas parce que j’avais envie d’être reconnue comme cool et intégrée à leur groupe, mais parce que c’est le jeu, et que je suis les règles. Passons à présent à la deuxième phrase. Elle me gêne pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela m’ennuie profondément que le fait d’étudier sérieusement et d’aimer les choses bien faites soit incompatible avec le fait d’être complètement barrée de temps en temps, de péter un boulon, bref d’agir de façon complètement irréfléchie en se moquant bien du qu’en dira-t-on. Ensuite, dans la seconde partie de sa phrase, c’est tout juste si ma collocatrice ne me traite pas de pute, après m’avoir insultée de prude. Ah oui, parce qu’attention. Etre cool, oui. Etre dévergondée, non, sinon on devient une pute. Une femme doit être correcte et respectable, vous voyez. Et d’ailleurs, une femme qui a une vie sexuelle épanouie est immédiatement qualifiée de « cochonne », les mecs en parlent avec des sous-entendus graveleux, et c’est tout juste si elle aussi n’est pas considérée comme une « pute », puisqu’apparemment ce mot a l’avantage de permettre de qualifier toutes sortes de femmes, voire toutes les femmes. (« Sauf ma mère et ma soeur », dirait mon grand oncle.)

On en revient donc à mon éternel cheval de bataille : le sexisme ambiant, pour constater tristement qu’en fait, le sexisme commence bien souvent dans le cerveau des femmes elles-mêmes.

« Hey, je voulais juste te dire qu’on t’aime et que tu devrais venir te détendre avec nous. » Non, cette phrase n’est pas extraite d’un docu-fiction consacré aux adeptes du mouvement hippie. Elle a été prononcée par ma collocatrice pas plus tard qu’hier soir, et m’était destinée.

Je crois qu’une contextualisation s’impose, avant qu’on ne croit que je « fais des choses » avec mes collocataires, le dimanche soir, entre le fromage et le dessert. Hier, mes collocataires et moi-même sommes allés à la plage, à quelques minutes de la maison. (Oui, je sais. La précision des « quelques minutes » n’était peut-être pas nécessaire. Mais j’aime bien me vanter de temps en temps. ^^) A pays différent, habitudes différentes : c’est illégal aux Etats-Unis de consommer de l’alcool sur la voie publique. Mes collocs avaient donc emmenés des bières, qu’ils prenaient soin de cacher des regards des gardes-côtes et maîtres nageurs qui surveillaient la plage. Autre différence, amusante : la plage est divisée en deux parties : une pour les nageurs… et une pour les surfeurs. 😀 Californie, quand tu nous tiens…!

Après la plage, j’ai décidé de rentrer étudier pour un examen que je passe dans quinze jours. Les autres sont sortis dans un bar-restaurant, et en rentrant, on allumé une chicha (pour les incultes, une chicha, c’est ça) et on commencé à jouer à « action ou vérité ». (Oui, je sais. Les différences culturelles se sont arrêtées à la plage. Il faut croire que les jeunes gens de tous les pays se ressemblent. 🙂 ) Et c’est alors qu’une de mes collocs a pris l’initiative de venir me dire que je travaillais trop. « Oui, mais tu sais, je suis quelqu’un de très stressé, et quand j’ai un examen, j’aime bien étudier en détail pour avoir la conscience tranquille. » lui ai-je répondu. Sa réaction a été : « Tu sais ce qui est bon contre le stress ? … Un moment entre amis ! » Et moi de penser : « Pas faux. Mais tu sais ce qui est encore meilleur contre le stress ? Avoir la certitude qu’on a étudié tout ce qui était étudiable et qu’on a fait du mieux qu’on a pu pour se préparer. On peut alors, la conscience tranquille, regarder sa note en se disant que de toutes façons, on aurait pas pu faire mieux. »

Question de point de vue. 🙂

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C’est au cours d’un déjeuner banal qu’un copain m’a posé cette question sibylline : « Qu’est-ce que tu penses de la vie ? » D’abord interloquée, j’ai ensuite posé mes baguettes pour réfléchir à ce concept de « vie », et surtout à ce qu’on en fait.

Comme je lui retournais la question, il m’a dit qu’il était d’accord avec moi sur un point : que la vie est faite de rencontres, et que c’est même ce qui en fait le sel. La part de l’autre, c’est cette influence que peuvent avoir les gens que l’on côtoie sur la personne que l’on devient. La part de l’autre, c’est aussi le rôle que l’on joue, nous-même, dans la construction de l’expérience d’autrui.

Je vis depuis cinq mois maintenant avec une jeune Hongkongaise de 18 ans, dans une chambre de 12 m². Je partage quatre cabines de douche et trois cabines de toilette avec vingt-trois personnes, et je partage trois ascenseurs avec 499 personnes. C’est une expérience de vie à nulle autre comparable. J’aurais beau vous décrire la promiscuité, l’étaler et l’étayer avec force de mots, nul n’est à ma place et nul ne peut savoir ce que c’est avant de l’avoir vécu. La part de cet autre, depuis cinq mois, c’est celle qui me rend tolérante, et ouverte. C’est celle qui pousse le concept de « partage » à son extrême. La part de l’autre, je l’avais déjà approchée, en tant qu’aînée d’une famille nombreuse. La part de l’autre, c’était alors la nécessité de fermer sa gu**** quand quelqu’un d’autre avait déjà eu l’idée de râler une demi-seconde avant vous, c’était le devoir d’accepter que la salle de bain soit prise alors qu’on n’a qu’une envie : dormir, c’est accepter de regarder le catch à la télévision le vendredi soir au lieu de se détendre devant une série niaise… ou c’est accepter de subir une série niaise le vendredi soir à la télévision, alors qu’on pourrait se distraire en regardant le catch !

La part de l’autre, c’est celle qui vous façonne, pour le meilleur et pour le pire. Beaucoup pensent que le pire laisse plus de traces que le meilleur… Est-ce totalement vrai ? Qu’est-ce qui vous construit plus : vos échecs, ou les regards d’amour (amicaux, fraternels, amoureux) posés sur vous dans ces moments là, et qui vous permettent de séparer votre être intime de l’échec ? Pour autant, faut-il obligatoirement des échecs et des moments difficiles pour que l’on se rende compte que l’on est aimé ? N’est-ce pas une simple propension de l’être humain à penser que quand tout va bien, ce n’est dû qu’à lui, et quand tout va mal, il s’en est sorti grâce aux autres ? Qu’en est-il de notre propre résilience ? Et si, simplement, être humain et être plus heureux, cela passait par l’acceptation, à chaque instant de notre vie, de la part de l’autre ?

Mesdames et Messieurs, vous les attendiez : les voilà ! En avant-première mondiale et avant tout le monde, vous voici à quelques secondes de découvrir enfin à quoi ressemble mon univers depuis maintenant 11 jours.

Imaginez-vous… Vous êtes devant mon Hall… Vous badgez devant la porte d’entrée, afin que celle-ci s’ouvre. Vous badgez juste après la porte d’entrée (NB : Moins 15 degrés en quatre secondes), au cas où vous ne seriez subitement plus vous-même entre le moment où vous étiez devant la porte et le moment où vous êtes maintenant, après la porte. Vous contournez le comptoir des gardiens/réceptionnistes (qui, au passage, ne maîtrisent pas l’anglais). Vous attendez l’ascenseur (ben oui, 24 étages, vous pensiez quand même pas qu’on allait les faire à pied !). Ca y est, instant divin, vous êtes dans l’ascenseur. Vous appuyez sur le « 8 », la porte s’ouvre, et là…

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Devant vous, le couloir :

8ème étage (4-09-09)

Tout au bout, à gauche, ma chambre ! Je suis à gauche, Noa à droite.

Ma chambre (4-09-09) Ma chambre 2 (4-09-09)

A présent, vous décidez d’aller faire un tour dans les communs. Le plus logique, puisque vous êtes en sueur et que vous avez déjà l’impression d’avoir perdu 1 000 litres d’eau depuis votre arrivée (on est à Hong Kong, hein ! on fait un effort d’imagination !), c’est que vous ayez envie d’une bonne douche !

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Très propre, la douche, je n’ai rien à dire dessus. A part des cheveux longs de temps en temps, et des serviettes hygiéniques en début d’année, nan franchement c’est impeccable. Les toilettes :

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Puis la « common room », tenant lieu à la fois de cuisine et de salle à manger, on peut aussi y étudier, y regarder la télé, repasser son ligne ou se faire sécher sous les trois gros blocs d’air conditionnés.

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(Oui, ce sont bien des garçons qui cuisinent à un étage de filles: les locaux ont un « dîner d’unité » ce soir). Une mention spéciale au (fameux) tableau blanc délateur :

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Et au FRIGO ! Afin que vous vous rendiez peut-être un peu mieux compte…

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Sisi, à Hong Kong, c’est ça qu’on entend par « un frigo pour 24 personnes »…

Mais visiblement, les 24 n’ont pas la même notion de l’hygiène !

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Remarque annexe, émanent d’un copain français à qui j’ai raconté mes misères : « Comment un frigo nettoyé aussi régulièrement peut-il être aussi sale ? »

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Mais qu’est-ce que c’est que ce pays ?? Tout d’abord, une petite anecdote annexe, avant de commencer la rédaction de ce premier (mais néanmoins déjà culte) article. Afin de sublimer mon génie créatif (^^) , j’avais l’intention de mettre un peu de musique, et en l’occurrence Melody Gardot. C’était sans compter sur deezer.com (* site où l’on peut écouter de la musique sur internet, de façon légale (me semble-t-il)) qui m’a gentiment informée que « Désolé, vous n’avez pas accès à ce titre depuis votre pays de résidence ». Ah bon. C’est vraiment que c’est extrêmement subversif Melody Gardot, jugez plutôt :

Mais ce qui m’amène aujourd’hui est d’une toute autre nature : j’ai enfin compris pourquoi je ne payais que 900€ par an ma chambre double de 12m² en plein Hong Kong. En fait, j’étais en train de laver mon ligne dans la salle de bain commune quand… Attends, j’ai dis quoi là ? Même ça demande une explication en soi. En fait, la « shower room », ou salle de bain commune est composée de 5 lavabos et 5 cabines de douche. Ennemi numéro 1 : les lavabos ne peuvent pas être bouchés manuellement. Il y a bien un petit bouchon, mais l’eau coule quand même à travers et s’échappe donc du lavabo. Ennemi numéro 2 : il n’y a pas de robinet mais un système, comme dans certains toilettes publics, où on appuie une fois, une certaine quantité d’eau coule, puis si on veut à nouveau de l’eau il faut à nouveau appuyer sur le bouton. Vous m’imaginez donc là, à appuyer frénétiquement sur ce bouton pour essayer de remplir le lavabo, malgré le fait qu’il se vide de facto, tout en essayant de laver mes affaires…

A ce moment, un binôme de T-shirts roses m’interromp et me demande en anglais si je peux venir une minute dans la « common room » (un genre de cuisine avec la télé dedans) pour un « floor meeting » (* une réunion d’étage) très important. Ca n’était pas du tout dans mes plans, j’étais en nage et avais juste envie d’une bonne douche froide, mais allez. Je dois m’investir dans la vie de mon hall (*résidence étudiante) après tout. En fait, j’ai bien eu ma douche froide : le floor meeting est en cantonnais. Okaaay… Heureusement, une gentille floormate (*camarade d’étage) me traduit tout ça de temps en temps. Et donc nous voilà parties pour une bonne demi-heure d’instructions en tout genre me laissant pantoise…

– Régulièrement, je devrais faire une soupe (authentique !!) avec les garçons qui habitent la chambre 910 (NB : Je suis dans la chambre 810, et mon « unité » est composé de mon étage de filles, le 8ème, et de l’étage de garçons correspondant, le 9ème). Ensuite, toute l’unité (soit les 24 filles de mon étage et les 24 garçons du 9ème) partageront leur soupe au cours d’un repas commun

– Régulièrement, chaque floormate devra nettoyer le frigo. Ouioui. Enlever touuut ce qu’il y a dedans, tout nettoyer et tout remettre, sans oublier de jeter ce qui est périmé. Je posterai bientôt des photos (si je n’oublie pas avant :p) et vous verrez que le frigo, c’est Bagdad ! Je vous laisse imaginer le bonheur que ça doit être de le nettoyer !

– Chaque chambre a un emplacement réservé dans le frigo. On ne doit mettre ses denrées qu’à cet emplacement. « Même si un emplacement d’une autre chambre est libre et le nôtre est plein ? » – regard consterné de la fille qui me traduit : ça veut dire oui. « Et si on n’a plus de place ? » – Eh ben on n’achète plus rien. OUI, même si le frigo est, par ailleurs, vide à certains endroits.

– On est rationnés : trois petites briques de lait (genre 20 mL) + un pack de légumes + une bouteille de soda ou d’eau + … nan mais de toutes façons, t’inquiète, ça tient pas dans le frigo, ça. Ouais, parce que le frigo de 24 floormates, il est grand comme le frigo de mon Papa qui habite tout seul…

– Si je vois quelqu’un partir sans nettoyer les ustensils utilisés pour cuisiner, je dois le noter à l’emplacement réservé sur le grand tableau blanc de notre « common room ». La personne doit alors payer une amende de 20$. D’une façon général, dès que je vois quelqu’un faire quelque chose de mal, je dois le dénoncer via le tableau blanc pour qu’il PAYE !! HaHaHa HaHa ! (rire machiavélique)

– Viennent ensuite les élections. La « floor rep » (* déléguée d’étage) est élue tous les ans en Janvier : elle, elle ne changera pas tout de suite (Super, parce que, comme vous avez pu le constater, elle est particulièrement ouverte d’esprit). Mais en revanche, il faut élire : une secrétaire de la décoration de l’étage (mais « who cares ??? » (* qui s’en soucie)), une secrétaire de la (déjà fameuse !) soupe, une secrétaire pour les activités acamédiques (comme des rassemblements dans la bibliothèque pour étudier ensemble, etc. Etpiquoiencore ?), une secrétaire pour la vie sociale (alors ça, j’aimerais bien voir ce que ça sera), une secrétaire pour la « common room », une secrétaire pour les activités au sein de l’unité, etc, etc.

Inutile de dire que je ne me présente à rien du tout, mais cela laisse bien augurer de la suite. Je commence à comprendre ce qu’implique la vie dans un Hall hongkongais… C’est totalement différent des chambres étudiantes françaises, et c’est d’ailleurs pour ça que le mot anglais n’est pas une traduction de « résidence étudiante ». Il s’agit de vivre dans cet endroit, de s’y impliquer, et pas seulement d’y habiter. Ca fait une énorme différence. Il y a, apparemment, une identité de chaque unité, qui peut s’exprimer dans tous les « High Table Dinner », grands dîners mensuels obligatoirestous les étudiants du Hall (et dans mon cas ça fait beaucoup : 500) se rassemblent et dînent ensemble, tous habillés de façon formelle. Cela dit, je me demande bien à quoi ça va pouvoir ressembler. Comme dit Gad Elmaleh : « Bon, euh et pour le restau on est 500, on fait comment, euh, deux tables de 250 ? » xD

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