A quelques pas de là…

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Il ne vous aura pas échappé que je suis une femme.

Il se trouve que, après avoir fait du krav-maga pendant un an, je me suis mise à la boxe thaïe.

Cela a d’ailleurs donné lieu à un moment très drôle, lorsque mon chef l’a appris :

« Non, ce soir, je ne peux pas rester, c’est le soir où je vais à la boxe.

— Ah-ha ! Tu fais de la boxe ? Française ? 😀

— Thaïe.

— Outch. »   >_<

 

Je suis donc dans un club composé en très grande majorité d’hommes, souvent trentenaires ou quadragénaires. Quelques femmes sont là également, souvent très jeunes (entre quinze et trente ans).

L’instructeur est très attentif à ce que nous, femmes, ne nous fassions pas démolir le portrait par des mecs peu scrupuleux, et surveille de près nos combats. Cela est d’ailleurs inutile, puisque les gars eux-mêmes sont très respectueux, surtout les plus avancés. Les seules fois où je me suis pris une beigne, elles m’ont été infligées par des débutants, qui se sont confondus en plates excuses après coup (c’est le cas de le dire).

 

Bref, la dernière fois je me suis fait une réflexion : dans ce sport d’hommes, encore plus en tant que débutante, je fais beaucoup d’effort pour être prise au sérieux. Je ne manque jamais aucun entraînement, j’arrive en avance, je m’entraîne, je me concentre pendant les combats, j’écoute le coach. Jusqu’ici, ce n’était même pas conscient : pendant toute une partie de l’année, je l’ai fait, point. Ce n’est que la dernière fois, en constatant le nombre de gars qui avaient successivement manqué des séances et qui étaient accueillis chaleureusement à leur retour, que j’ai pris du recul sur ma pratique.

Les gars, eux, peuvent papoter pendant l’échauffement, se marrer pendant l’entraînement, faire les mouvements à la va-comme-je-te-pousse. Ils sont légitimes, à leur place dans ce gymnase. Ils ne se posent sans doute jamais la question. Les filles, les quatre filles qui pratiquent avec moi, sont attentives, veulent progresser, se concentrent, tâchent de frapper fort, de dépasser leurs limites. Bien sûr, elles partent de plus loin : à l’exception d’une seule, les filles sont toutes débutantes, alors qu’il y a des anciens parmi les hommes qui pratiquent dans ce club.

 

Cela explique peut-être en partie que le coach soit plus proche des hommes. Mais c’est frustrant pour moi, par exemple. J’ai parfois l’impression qu’il ne me prend pas autant au sérieux ou, du moins, qu’il faut que j’en fasse beaucoup plus pour acquérir  une légitimité. Ainsi, j’ai manqué deux semaines d’entraînement, et il m’a fallu plusieurs semaines avant que le coach ne recommence à me faire des remarques destinées à me faire progresser. Je n’ai pas remarqué la même attitude envers les hommes du club.

Est-ce que c’est une déformation féministe ? Ou est-ce que réellement il en va des sports masculinisés comme de nombreux endroits de ma vie : je dois en faire deux fois plus pour être à la hauteur, et lorsque je chute, on me le pardonne moins ?

Et j’ai repensé à ce trait d’humour : « Nous aurons acquis l’égalité entre les sexes lorsqu’une femme pourra être nommé sur un poste pour lequel elle n’a aucune compétence. » Transposé au sport, pourrait-on dire que nous aurons acquis l’égalité entre les sexes lorsque les femmes s’autoriseront à pratiquer un sport masculinisé comme on pratique un loisir, et lorsque les coachs les prendront autant au sérieux que les hommes ?

 


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